Jean Nicolas De Surmont est chercheur autonome membre de l’équipe “Popular Cultures Research Network” de l’Universite de Leeds (Royaume-Uni).
Il s’intéresse à la métalexicographie, aux réseaux hypertextuels et à la poésie vocale québécoise.Il est l’auteur de plus d’une centaine d’articles et comptes-rendus publiés dans 20 pays et de plusieurs livres publiés au Canada et en France.
En un seul article il est difficile de couvrir tous les aspects de Festival des Vieilles Charrues qui s’est tenu, comme à son habitude, à Carhaix (Finistère, Bretagne –France) les 18, 19, 20 et 21 juillet dernier. Signalons au passage des artistes : Féfé, Benjamin Biolay, Jonathan Wilson, le talentueux cuisinier recyclé dans la réincarnation artistique de James Brown, Charles Bradley. Quelques artistes canadiens parmi lesquels Half Moon Run (voir table-ronde sur Reporter–TV (http://www.reportertv.tv/
L’une des particularités de ce festival est non seulement de proposer des concerts de tous types, un peu comme le Festival Paleo à Nyon (Suisse http://yeah.paleo.ch/), mais aussi des spectacles d’Arts de la Rue situés à l’espace Le Verger. C’est là que nous avons pu observer des installations originales, comme un immense banc public, et des sketchs comme celui du Petit Monsieur qui jongla avec sa tente pendant une vingtaine de minutes sous le regard ébahis des spectateurs de tout âge. Cette parodie tournait en dérision le symptôme presque juridique qui consiste à tout résumer en deux minutes ce qui parfois nécessite, pour être apprécié dans sa juste et pleine valeur, d’être développée sous plusieurs angles et dans différentes directions. C’est le cas de le dire que Le Petit Monsieur, un des innombrables maillons de ce grand festival, a exploité sa tente de toutes les manières en faisant rire les enfants de 7 à 77 ans. Réputé être le plus grand festival Rock de France les Vieilles Charrues attirent chaque années 63 % de femme du public de moins de 26 % et dans les tranches d’âges plus élevés, les femmes sont toujours en majorité. Le festival nécessite aussi une logistique alimentaire importante là où l’on y vend 32 00 tranches de jambons, 10 tonnes de patates, 18 tonnes de frites, 18 000 gaufres, 30 000 crêpes, en plus des 6000 bénévoles. Cette année un total de 150 000 billets avaient été vendus en date du 18 juillet 2013 à l’ouverture du festival. Même si personne ne vous l’a dit la devise du festival c’est « faites le tour ». En dehors des six espaces de spectacles et de concerts sur le site même des Vieilles Charrues, il faut compter aussi que la ville est l’hôte de toute une série de petits concerts, moins formellement organisés qu’aux Francofolies de Spa, dans les bars du centre-ville.
Nous poursuivons ce bref compte-rendu du Festival des Vieilles Charrues par une interview du directeur général Jérôme Tréhorel.
Interview avec Jérôme Trehorel, directeur général des Vieilles Charrues.
Par Jean-Nicolas De Surmont, Reporter TV.
Septembre 2013.
Jean-Nicolas De Surmont (JNDS) : Combien de personnes sont nécessaires à l’organisation du Festival des Vieilles Charrues ?
Jérôme Trehorel, directeur général des Vieilles Charrues (JT): Les Vieilles Charrues est une association de bénévoles, qui comporte néanmoins 10 salariés à temps plein ; l’équipe s’étoffant à partir du mois de janvier et, au mois d’avril, on compte une trentaine de personnes. A la fin du moins de juin on est entre 70 et 100 personne quand on commence à monter le festival et pendant le festival environ 700 personnes salariées.
JNDS : Oui mais il faut penser à la sécurité aussi ?
JT : En plus de ces effectifs, nos équipes de sécurité totalisent 650 agents représentant 11 compagnies de sécurité. L’organisation compte aussi 120 secouristes en plus de médecins-urgentistes qui constituent en somme un hôpital de campagne. Il ne s’agit pas que d’un hôpital de fortune mais bien d’une réelle organisation bien équipée. Nous n’avons connue au total qu’un suicide depuis le début de la tenue du festival, en 2006.
JNDS : Qu’en est-il des statistiques de fréquentation ?
JT : Le Festival des Vieilles Charrues a attiré cette année 208 000 festivaliers dont 160 000 entrées payantes, c’est le plus grand festival rock de France et parmi les cinq premiers d’Europe avec Paleo (Suisse), Sziget (Hongrie, http://szigetfestival.fr/), etc. On compte aussi 500 journalistes, presque uniquement des Français car nous sommes excentrés (N.d.l.r.: Carhaix est située dans le Finistère en Bretagne). Selon les têtes d’affiches que nous avons la moyenne d’âge globale varie et peut augmenter.
JNDS : Depuis quand existe le festival, parlez-moi des débuts de votre organisation ?
JT : Né en 1992, originaire de Carhaix, zone rurale à précarité d’emploi, le festival est né dans la foulée du rassemblement des Vieux gréements à Brest et, par analogie, nous avons créé les Vieilles Charrues. A l’époque c’est une simple après-midi de jeux, qui a rassemblé 500 personnes la première année. La première année quelques groupes locaux performent et l’événement se tient au centre-ville. Chemin faisant le festival est né de cet embryon de fête en 1995. On démarre donc au centre ville de Carhaix à 10 000 la première année et puis quelques années plus tard la fréquentation grimpe à 40 000 personnes. Le site ne convenant plus à un public de plus en plus important, il est donc déménagé aux abords de Carhaix et c’est là que nous recevons en 1998 Iggy Pop, Charles Trenet, etc. Au fil des ans, l’événement est devenu la fierté de la population locale. C’est à partir de 1998, avec l’arrivée notamment de Jean-Jacques Toux, que l’événement s’est structuré.
JNDS : Vous m’indiquez que le festival a commencé à être plus structuré à partir de 1998, parlez-nous des principales innovations au fil des années ?
JT : A partir de 1998 nous arrivons donc en zone rurale avec un espace mis à notre disposition par la ville et capable d’accueillir des campeurs. Au fils des ans et de l’agrandissement de l’espace scénique, nous avons mis les terrains de campings à plus de distance. Nous avons beaucoup réfléchit aux questions de logistiques afin de prendre des décisions appropriées. Ainsi nous avons une régie camping qui sillonne en permanence le camping depuis 2011. Cela permet de gérer les situations comme elles se présentent. Ces équipes travaillent en collaboration avec des équipes de nettoyage qui s’occupent du tri des déchets par exemple. Nous avons aussi récemment refait des plates-formes ou sont placées les scènes, puis nous avons monté des plates-formes pour la logistique, etc. Nous changeons les scènes en fonction du marché à tous les trois ans. Dans les quatre dernières années on a aussi fait des travaux liés au développement durable et à la prévention. Une personne a été recrutée pour la prévention des risques liés à l’alcool, aux drogues, etc. Nous avons aussi décidé de sensibiliser le public à la gestion liée à la consommation de l’énergie et des déchets. On utilise aussi des gobelets réutilisables depuis 3 ans [N.d.l.r. comme dans beaucoup de festivals d’ailleurs].
JNDS Quelles sont les retombées économiques (retombées secondaires) liées à l’organisation d’un tel événement, l’impact sur la région ou la ville de Carhaix par exemple ?
JT : On essaye autant que faire se peu de faire travailler les entrepreneurs locaux. Au lieu de commander dans une usine, on utilise les gens du coin par exemple. C’est le cas des boulangers, des vendeurs de merguez, etc. Nous touchons un bénéfice pour les Vieilles Charrues de 4 à 5 M d’euros.
JNDS : Quelle est votre position vis-à-vis de la valorisation du patrimoine breton. Votre position dans l’univers festivalier breton (par rapport aux Fêtes de Cornouailles par exemple), et les festivals français.
JT : Nous sommes un festival avant tout breton ce qui est tangible de part son engagement d’avoir une scène dédiée aux musiques traditionnelles. On a les emblématiques Chanteurs de Fest Noz, sur l’ensemble du festival la signalétique est en deux langues, les produits de marchandising que l’on fait sont en deux langues. Il s’agit d’un festival de musique actuelle avec des genres musicaux diversifiés (pop, reggae, musique française) dont le projet est différent à juste titre du Festival des musiques traditionnelles de Cornouaille. Nous avons La scène des Jeunes Charrues qui présentent des artistes de la région tous styles de musiques confondus.
Le groupe montréalais Half Moon Run prise lors de la table-ronde offerte aux journalistes des web-zines des Vieilles Charrues.
Copyright Jean-Nicolas De Surmont, Reporter TV.
Interview du groupe en table-ronde avec Jean Nicolas De Surmont et autre web-zines.
[youtube]http://youtu.be/x9sQGA6Cd6Y[/youtube]
Samuel Allo, tenait un stand au Festival des Vieilles Charrues pour présenter son livre rappelant son tour du monde en auto-stop.
Copyright Jean-Nicolas De Surmont, Reporter TV..
Photographié dans la salle de presse des Vieilles Charrues, le grand sphynx de la Vigne, l’un des plus beaux papillons de France.
Copyright Jean-Nicolas De Surmont, Reporter TV..
Interview de Patrick Bruel à la conférence de presse.
Voir la conférence de presse, Jean Nicolas de Surmont pose une question à partir de la 23 minutes.
Cliquez sur ici pour voir la vidéo.
Photo avec le chanteur breton de Barzaz : Yann–Fañch Kemener, prise à l’occasion des Vieilles Charrues.
Photos du sketch de Petit Monsieur qui tourne en dérision l’art d’installer une tente…en deux minutes.
Copyright Jean-Nicolas De Surmont, Reporter TV.
Neil Young arborant le T-shirt de la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) lors du Festival des Vieilles Charrues.
Avec la courtoisie de ERWAN PHOTO.